Auteur : Emmanuelle Deleplace
Date de publication de l’article sur Hospimedia : 23/11/2020
Les Camsp sont porteurs de plus de 60% des plateformes de coordination et d’orientation autisme TND. Le premier retour d’expérience est positif même si l’animation du réseau et le temps de prise en charge doivent encore être travaillés.
Les 19 et 20 novembre, la question du développement et de l’organisation des plateformes de coordination et d’orientation (PCO) en faveur de l’autisme et des troubles du neurodéveloppement (TND) a été au cœur des débats des journées de l’Association nationale des équipes contribuant à l’action médico-sociale précoce (Camsp). En effet, les Camsp sont les premiers animateurs de ces nouveaux dispositifs qui permettent, avec la collaboration des professionnels libéraux, de diagnostiquer et rééduquer les enfants TND et ainsi de soulager les autres dispositifs de prise en charge précoce complètement saturés.
CMPP) et centres médico-psychologiques (CMP), affichent des listes d’attente qui se comptent en mois voire en années. Avant les PCO, les familles en quête de diagnostic étaient contraintes de patienter sans garantie d’obtenir la prise en charge la plus adaptée (lire notre article), soit de financer elle-même les diagnostics de neuropsychologues puis les interventions de psychomotriciens, d’ergothérapeutes ou de psychologues.
Si le financement des interventions des psychologues n’est toujours pas effectif (lire notre article) et toujours très attendu par les professionnels, Delphine Corlay, conseillère de la délégation interministérielle autisme et TND, rappelle que le dispositif n’a pas vocation à se substituer aux Camsp, CMP ou CMPP et reconnaît que la PCO n’est pas non plus la solution à tous les problèmes. La PCO permet de solvabiliser les soins complémentaires mais « ne fait pas apparaître spontanément les professionnels même si on a pu voir parfois des cabinets s’installer dans des zones de désertification médicale à l’occasion de l’ouverture d’une PCO », ajoute-t-elle.
Orientation Camsp ou PCO ? Pour Delphine Corlay, il faut se fier à un « pot pourri » d’indicateurs et de besoins : le profil clinique de l’enfant, le souhait de la famille, le lieu de résidence de la famille par rapport au Camsp, la file active du Camsp… Elle rappelle que les parcours mixtes sont tout à fait possibles. Le Pr Stéphane Marret, neuropédiatre au CHU de Rouen (Seine-Maritime) — et à ce titre responsable du Camsp et de la PCO de Seine-Maritime qui a ouvert dans le première vague à l’été 2019 —, y voit une formidable opportunité d’offrir à plus d’enfants des interventions précoces « dont on connaît aujourd’hui toute l’importance pour éviter les surhandicaps« .
La PCO Nord-Rhône a conventionné avec 16 psychologues et neuropsychologues, 22 ergothérapeutes et 35 psychomotriciens, a validé 65 parcours précoces entre septembre 2019 et début novembre 2020 : 57 en libéral et 8 mixtes avec un Camsp ou un CMP. « Au démarrage nous avons eu beaucoup d’enfants de plus de 5 ans, aujourd’hui on commence à nous adresser des plus petits », commente Barbara Bouchut. Pédiatres et médecins généralistes sont à l’origine des deux tiers de cet adressage. Après se pose la question de la coordination du parcours. Pour l’instant quand le médecin qui a adressé refuse de s’en charger, Barbara Bouchut assure cette coordination mais elle n’est pas sûre de pouvoir continuer à le faire avec la montée en charge.
Chaque PCO s’adapte aux réalités et aux acteurs de son terrain. Ainsi Thierry Maffre, médecin responsable du Camsp d’Albi (Tarn, fondation Bon Sauveur d’Albi), qui a également ouvert sa PCO à l’été 2019, a pu s’appuyer sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour contacter les médecins prescripteurs mais c’est sur la mobilisation des deuxièmes lignes, l’autre Camsp du département et les CMPP et CMP qu’il est le plus en difficulté. Malgré tout, au 15 novembre, le PCO d’Albi a validé 196 parcours dont 45% de mixtes.
Anaïs Simonet coordonne la PCO gérée par le Camsp du CHU d’Amiens (Somme). Elle compte 130 enfants dans sa file active qui ont aux deux tiers plus de 4 ans. « Le Camsp garde sa spécificité pour les tout-petits et la PCO reçoit beaucoup d’enfants dont les troubles deviennent très visibles à l’école maternelle et que nous n’aurions pas pu accueillir, faute de place, au sein du Camsp« , précise-t-elle.
Les PCO, une bouée d’oxygène
Le commentaire dans la salle virtuelle d’un médecin toulonnais résume bien la situation : « La PCO est imparfaite et difficile à mettre en place mais je n’aurais pas réussi à continuer mon activité de médecin en Camsp sans cette bouffée d’oxygène. » En effet, aujourd’hui la grande majorité des Camsp, centres médico-psycho-pédagogiques (Si le financement des interventions des psychologues n’est toujours pas effectif (lire notre article) et toujours très attendu par les professionnels, Delphine Corlay, conseillère de la délégation interministérielle autisme et TND, rappelle que le dispositif n’a pas vocation à se substituer aux Camsp, CMP ou CMPP et reconnaît que la PCO n’est pas non plus la solution à tous les problèmes. La PCO permet de solvabiliser les soins complémentaires mais « ne fait pas apparaître spontanément les professionnels même si on a pu voir parfois des cabinets s’installer dans des zones de désertification médicale à l’occasion de l’ouverture d’une PCO », ajoute-t-elle.
Orientation Camsp ou PCO ? Pour Delphine Corlay, il faut se fier à un « pot pourri » d’indicateurs et de besoins : le profil clinique de l’enfant, le souhait de la famille, le lieu de résidence de la famille par rapport au Camsp, la file active du Camsp… Elle rappelle que les parcours mixtes sont tout à fait possibles. Le Pr Stéphane Marret, neuropédiatre au CHU de Rouen (Seine-Maritime) — et à ce titre responsable du Camsp et de la PCO de Seine-Maritime qui a ouvert dans le première vague à l’été 2019 —, y voit une formidable opportunité d’offrir à plus d’enfants des interventions précoces « dont on connaît aujourd’hui toute l’importance pour éviter les surhandicaps« .
Les pionniers ont inventé leur organisation
Un avis partagé par Barbara Bouchut, médecin coordonnateur de la PCO du Nord-Rhône, porté par le Camsp de Villefranche-sur-Saône (association AGIVR). Elle se réjouit de voir des enfants profiter de rééducations auxquelles ils auraient mis un an à accéder autrement. « Quand nous entendons les familles se féliciter de la coordination ça nous fait du bien à nous qui ramons tous les jours sur son organisation. » Retenues comme la plateforme de Seine-Maritime à l’été 2019, les PCO du Rhône ont dû tout inventer. « Il y avait une partie du secteur que nous connaissions bien et pour contacter les professionnels de santé sur le reste du territoire nous avons fait avec les moyens du bord, les pages jaunes notamment. Après nous avons eu la chance d’ouvrir en même temps avec les 4 autres PCO d’Auvergne-Rhône-Alpes (Ara) et de beaucoup échanger. »La PCO Nord-Rhône a conventionné avec 16 psychologues et neuropsychologues, 22 ergothérapeutes et 35 psychomotriciens, a validé 65 parcours précoces entre septembre 2019 et début novembre 2020 : 57 en libéral et 8 mixtes avec un Camsp ou un CMP. « Au démarrage nous avons eu beaucoup d’enfants de plus de 5 ans, aujourd’hui on commence à nous adresser des plus petits », commente Barbara Bouchut. Pédiatres et médecins généralistes sont à l’origine des deux tiers de cet adressage. Après se pose la question de la coordination du parcours. Pour l’instant quand le médecin qui a adressé refuse de s’en charger, Barbara Bouchut assure cette coordination mais elle n’est pas sûre de pouvoir continuer à le faire avec la montée en charge.
Chaque PCO s’adapte aux réalités et aux acteurs de son terrain. Ainsi Thierry Maffre, médecin responsable du Camsp d’Albi (Tarn, fondation Bon Sauveur d’Albi), qui a également ouvert sa PCO à l’été 2019, a pu s’appuyer sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour contacter les médecins prescripteurs mais c’est sur la mobilisation des deuxièmes lignes, l’autre Camsp du département et les CMPP et CMP qu’il est le plus en difficulté. Malgré tout, au 15 novembre, le PCO d’Albi a validé 196 parcours dont 45% de mixtes.
À Albi, la répartition est relativement équilibrée entre les tranches d’âges des enfants bénéficiaires de la PCO. (Infographie colloque Anecamsp)
Anaïs Simonet coordonne la PCO gérée par le Camsp du CHU d’Amiens (Somme). Elle compte 130 enfants dans sa file active qui ont aux deux tiers plus de 4 ans. « Le Camsp garde sa spécificité pour les tout-petits et la PCO reçoit beaucoup d’enfants dont les troubles deviennent très visibles à l’école maternelle et que nous n’aurions pas pu accueillir, faute de place, au sein du Camsp« , précise-t-elle.
Prise en charge plus longue et coordination
Dans tous les exemples évoqués, le retour des professionnels libéraux impliqués dans la plateforme est plutôt satisfaisant : ils apprécient les échanges et sont très demandeurs de formations. Les animateurs des PCO regrettent quant à eux que les volets coordination et formation soient encore insuffisants. En conclusion des journées, Claire Compagnon, déléguée interministérielle à l’autisme et aux TND a précisé qu’elle militait pour un allongement du temps de prise en charge PCO et avait bien entendu que ces dernières avaient besoin de temps et donc de financement pour travailler leur réseau. « Mais, insiste Geneviève Laurent, présidente de l’Anecamsp, pour que les PCO soient un succès, il faut que les Camsp soient rebasés » car malgré l’appel d’air des PCO, les Camsp n’ont jamais été autant saturés qu’aujourd’hui.Tous droits réservés 2001/2020 — HOSPIMEDIA