Rapport adopté par consensus par le Conseil de l’enfance le 5 juillet 2018
AVIS DU CONSEIL DE L’ENFANCE ET DE L’ADOLESCENCE DU HCFEA
Le Conseil de l’enfance et de l’adolescence considère que les enjeux de la petite enfance et du handicap doivent être davantage développés dans les politiques publiques, pour au moins deux raisons :
– L’inclusion, la vie partagée entre tous les enfants dans des services de droit commun, doit devenir la norme dès la petite enfance, ce qui prépare l’inclusion future.
– L’accueil de tous les petits enfants ensemble pose les bases d’un rapport de familiarité avec le handicap, et non d’étrangéité, socle d’une société inclusive.
En effet, la première enfance est une période par définition non discriminante. L’enfant en situation de handicap ressent des choses, mais ne s’identifie pas encore lui-même comme différent des autres, et « les autres enfants » n’ont pas encore un regard forgé par les normes, physiques ou comportementales. En se développant ensemble, la conscience de certaines distinctions liées au handicap se fait sur une base de familiarité, ce qui inverse littéralement le processus d’inclusion, qui, s’il y a lieu plus tard, se base sur l’étrangéité.
Jusqu’à 6 ans le développement des enfants en situation de handicap repose sur une mise en tension raisonnée des deux objectifs suivants : la précocité d’accueil et de prises en charge d’une part, et la durée nécessaire au chemin entre une inquiétude, un doute et un éventuel diagnostic de handicap d’autre part.
Dans les faits, on observe un écart entre des premiers besoins d’accompagnements spécifiques et une prise en charge plus complète avec l’appui des dispositifs et des aides qui suivent la reconnaissance administrative d’un handicap qui se met, dans les conditions actuelles, plutôt en place entre 3 et 6 ans, pour la majorité des familles d’enfants en situation de handicap. Les familles sont confrontées à un parcours parfois erratique et éprouvant, qui pourrait leur être simplifié.
L’absence de lisibilité, la multiplicité des interlocuteurs, la difficulté de coordination freinent l’agilité institutionnelle nécessaire. Ce rapport pose les 1ères pierres, de diagnostic et des transformations à mener pour combiner des objectifs de précocité d’un accompagnement dans les services de droit commun et le respect des temporalités du projet de la famille pour l’enfant.
6 axes prioritaires sont identifiés :
– Avant 3 ans, ouvrir davantage les modes d’accueil individuels et collectifs aux enfants en situation de handicap
– Compléter et améliorer la scolarisation en école maternelle
– Faciliter la vie des familles dans leur rapport aux services petite enfance et handicap sur le chemin d’un éventuel diagnostic
– Développer l’appui aux professionnels et le travail en réseau au service des enfants
– Prendre en considération et améliorer la vie des fratries
– Aider les parents, soutenir leur parentalité et leur faciliter l’articulation avec le travail.
Le Conseil adopte l’ensemble des propositions du rapport qui sont résumées dans la synthèse annexée au présent avis.