Auteur : Emmanuelle DELEPLACE
Publication de l’article sur Hospimedia : 28/03/22
Les inégalités territoriales sont régulièrement pointées dans le médico-social. Elles commencent en fait dès la petite enfance. C’est ce que souligne une étude en Nouvelle-Aquitaine sur les moyens des centres d’action médico-sociale précoce.
Le centre régional d’études, d’actions et d’informations (Creai) Nouvelle-Aquitaine analyse dans une étude (à télécharger ci-dessous) le public accompagné par les centres d’action médico-sociale précoce (Camsp) à partir de leurs rapports d’activité standardisés 2018. Comparé à l’analyse nationale réalisée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) sur la même période (lire notre article), elle révèle des particularités locales, comme le portage d’un Camsp sur trois, contre un sur dix au niveau national, par un établissement de santé mais surtout de grandes disparités entre les départements qui « interrogent sur l’égalité d’accès aux droits sur le territoire néoaquitain« .
L’amplitude horaire d’ouverture moyenne des Camsp de la région est de 42 heures (moyenne nationale : 39 heures), avec des écarts selon les départements entre 27 heures en Dordogne et 50 heures en Lot-et-Garonne. Le délai moyen d’attente entre le premier contact et le premier rendez-vous est en moyenne de 2,9 mois en Nouvelle-Aquitaine, soit 87 jours, contre 71 jours au niveau national. Mais c’est surtout au niveau de la première consultation que la Nouvelle-Aquitaine se présente en situation délicate puisque le délai moyen pour une première intervention y est deux fois plus long qu’au niveau national : 129 jours contre 62 jours en 2018.
Ces écarts ont pour corolaire une forte hétérogénéité dans les choix stratégiques opérés par les Camsp. « Que ce soit en termes d’âge à l’entrée au Camsp, de gestion de la file active, d’ouverture de droits à la maisons départementale des personnes handicapées (MDPH), les choix pour répondre aux besoins sont différents« , constate le Creai. Dans la gestion des files actives deux stratégies se dessinent : certains privilégiant une intervention précoce, de manière réactive après le premier contact et un accompagnement jusqu’au bilan ; d’autres favorisant le suivi thérapeutique au long terme mais intervenant de fait souvent plus tardivement. Ainsi, 43,2% des enfants ont bénéficié d’un suivi thérapeutique, avec des écarts entre départements allant de 33% en Corrèze à 75% dans les Deux-Sèvres. Ce taux est de 40% au niveau national.
Parmi les 17 Camsp, 15 entretiennent des relations partenariales avec au moins 11 autres institutions mais 60% de ces partenariats ne sont pas formalisés par une convention.
En conclusion, le Creai Nouvelle-Aquitaine interroge sur l’hétérogénéité des moyens et des approches proposées par les différents Camsp : « Cette hétérogénéité permet-elle des formes de complémentarité en termes de réponses aux besoins ? Est-elle source d’inégalité en termes d’accès à l’offre de soins ? Elle souligne les choix stratégiques qui ont pu être faits par les structures pour répondre au mieux aux besoins des enfants, compte tenu de l’évolution de la demande ». Face à l’hétérogénéité sur le territoire régional, comment organiser ou développer les réponses existantes pour améliorer le repérage, le diagnostic et l’intervention précoce ? « La démographie médicale, telle qu’elle se présente aujourd’hui, amène à anticiper les organisations qui permettront de faire avec la pénurie de médecins et de professionnels de la rééducation », commente le Creai.
De grandes disparités de moyens
La région Nouvelle-Aquitaine compte 21 Camsp répartis sur 28 sites en comptant les antennes. Les taux d’équipement pour 1 000 enfants de 0 à 6 ans montrent de grandes disparités entre départements. Ainsi, le Lot-et-Garonne bénéficie du plus fort taux d’équipement puisque 35,5 places pour 1 000 enfants y sont installées, tandis que la Gironde ne dispose que de 4,6 places pour 1 000 enfants. Au niveau du personnel, les disparités sont également importantes. Si l’effectif moyen est de 3,3 équivalents temps plein (ETP) pour 100 enfants, il varie de 6,7 dans la Vienne à 2,3 en Charente-Maritime.Avec quatre Camsp et plus de 600 places, le Lot-et-Garonne est largement mieux doté que les autres départements de la région. (Infographie Creai Nouvelle-Aquitaine)
L’amplitude horaire d’ouverture moyenne des Camsp de la région est de 42 heures (moyenne nationale : 39 heures), avec des écarts selon les départements entre 27 heures en Dordogne et 50 heures en Lot-et-Garonne. Le délai moyen d’attente entre le premier contact et le premier rendez-vous est en moyenne de 2,9 mois en Nouvelle-Aquitaine, soit 87 jours, contre 71 jours au niveau national. Mais c’est surtout au niveau de la première consultation que la Nouvelle-Aquitaine se présente en situation délicate puisque le délai moyen pour une première intervention y est deux fois plus long qu’au niveau national : 129 jours contre 62 jours en 2018.
En Dordogne, il faut attendre six mois pour un premier rendez-vous, puis plus de deux ans pour un suivi. (infographie Creai Nouvelle-Aquitaine)
Ces écarts ont pour corolaire une forte hétérogénéité dans les choix stratégiques opérés par les Camsp. « Que ce soit en termes d’âge à l’entrée au Camsp, de gestion de la file active, d’ouverture de droits à la maisons départementale des personnes handicapées (MDPH), les choix pour répondre aux besoins sont différents« , constate le Creai. Dans la gestion des files actives deux stratégies se dessinent : certains privilégiant une intervention précoce, de manière réactive après le premier contact et un accompagnement jusqu’au bilan ; d’autres favorisant le suivi thérapeutique au long terme mais intervenant de fait souvent plus tardivement. Ainsi, 43,2% des enfants ont bénéficié d’un suivi thérapeutique, avec des écarts entre départements allant de 33% en Corrèze à 75% dans les Deux-Sèvres. Ce taux est de 40% au niveau national.
Un suivi plus précoce qu’au national
Proportionnellement, la population des enfants suivis par les Camsp en Nouvelle-Aquitaine est plus jeune que le niveau national. De plus, 56% des centres estiment que l’environnement familial de l’enfant ne présente pas un risque pour son développement contre 35% au niveau national. Toutefois, les mauvais traitements ou négligences graves concerneraient 4,5% des enfants en suivi thérapeutique contre 2% au national. 63% des enfants âgés de 3 ans et plus accompagnés sont scolarisés à temps plein. Cette proportion est supérieure de 18 points au niveau national.Seuls 7% des enfants de trois ans et plus ne sont pas du tout scolarisés. (infographie Creai Nouvelle-Aquitaine)
Parmi les 17 Camsp, 15 entretiennent des relations partenariales avec au moins 11 autres institutions mais 60% de ces partenariats ne sont pas formalisés par une convention.
En conclusion, le Creai Nouvelle-Aquitaine interroge sur l’hétérogénéité des moyens et des approches proposées par les différents Camsp : « Cette hétérogénéité permet-elle des formes de complémentarité en termes de réponses aux besoins ? Est-elle source d’inégalité en termes d’accès à l’offre de soins ? Elle souligne les choix stratégiques qui ont pu être faits par les structures pour répondre au mieux aux besoins des enfants, compte tenu de l’évolution de la demande ». Face à l’hétérogénéité sur le territoire régional, comment organiser ou développer les réponses existantes pour améliorer le repérage, le diagnostic et l’intervention précoce ? « La démographie médicale, telle qu’elle se présente aujourd’hui, amène à anticiper les organisations qui permettront de faire avec la pénurie de médecins et de professionnels de la rééducation », commente le Creai.
Tous droits réservés 2001/2022 — HOSPIMEDIA